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Virtuel ? 26 février, 2011
La bise : rituel social auquel je ne me plie en général qu’avec mauvaise grâce. Rien de tel qu’une bonne poignée de mains.
Celle-ci commence comme toutes les autres : sur la joue, premier contact. Le second semble vouloir se rapprocher du coin des lèvres. Erreur dans le calcul de la trajectoire ? C’est fréquent. Qui ne l’a jamais fait, sans pour autant que ce soit autre chose qu’un geste innocent, accidentel ?
Et pourtant, un frisson. Parce que celui-là, j’ai justement envie qu’il ne le fasse pas accidentellement. Parce que je verrais assez bien sa timidité s’exprimer de cette façon, comme une main tendue que je devrais saisir. Parce que cela s’accorderait si bien avec son regard.
Ah, son regard… Hmmm…
Le troisième acte de la bise se pose avec une douceur infinie sur ces lèvres que je rêvais cibles une fraction de seconde auparavant. Le temps s’arrête, et j’emmerde Lamartine s’il en est jaloux.
Je sens la douceur, la chaleur, la tendresse de ses lèvres, la sensation de légère humidité sur les miennes est si réelle que c’en est presque douloureux. Je fonds, pas d’autre mot. Je fonds et j’ai une grosse bulle de joie qui traverse mon ventre pour remonter vers ma gorge en bousculant mon coeur qui soudain s’affole et se met à danser la gigue. J’en reste hébétée, pas encore le temps de comprendre que ce qui n’est déjà plus une bise se mue en un véritable baiser.
« Et je m’envole ».
Légère, si légère, que je ne touche plus terre, et pourtant si lourde de désir, cette faim animale, cette bête étrange et parfois effrayante qui loge dans mes entrailles et vient de s’offrir un terrible réveil.
Et j’y réponds, à ce baiser. De tout mon corps et de toute mon âme.
Y a-t-il du monde autour de nous ? Je ne sais pas. Possible. Et alors ? Je m’en fous. Je vis. Je vis, bordel ! Et pleinement.
Je me suis réveillée dans la tendresse et la douceur, le sourire aux lèvres. J’ai passé la journée la tête dans les nuages, avec de brusques sensations de chaleur et de serrement du côté du plexus solaire. Ah ça, oui, solaire, ce fichu plexus, parce que je vous assure qu’aujourd’hui il rayonne !
Et j’attends ce soir avec une impatience que je sens grandissante. Parce que c’est la seconde fois, et que je me dis que, peut-être, cette nuit encore, ou bien l’une des prochaines…
Parce que ce n’était qu’un rêve, que mes rêves, eux, sont libres, et ne subissent pas les contraintes de mon quotidien d’enchaînée. Parce que ce rêve-là était si fort que c’en est presque du vécu. Parce que les sensations étaient terriblement physiques.
Parce que quand un rêve est aussi fort, il est facile de croire qu’il va se réaliser, que peut-être, peut-être… Il est dû à une connexion des inconscients. Allez savoir.
Possible que je rêve encore : rien à foutre. Ces rêves-là me font du bien.