- Accueil
- > Archives pour janvier 2011
La vie à deux à la couleur d’aujourd’hui 23 janvier, 2011
Le sujet de Dom’.
Je vais donc me placer en observatrice plutôt que du côté du vécu. D’abord parce que ça fait un bail que je ne suis plus dans le truc, du moins pas au sens premier du terme, ensuite parce que les souvenirs que j’en garde – les plus vifs étant par nature les plus douloureux – n’auraient comme effet secondaire, si je les étalais devant vous, chers amis – hu hu – qu’une diminution brutale et sans doute à long terme – parce que bien évidemment, tout ce que j’écris vous marque à vie, étant donné mon talent, et le premier qui rit, j’y pète sa face – du nombre de couples en France et dans les pays francophones où je compte des contacts.
Avouez qu’à l’heure où on découvre que la France est dans les champions européens de la natalité – youhou ! – ce serait dommage.
Observatrice, donc.
Et vous, vous serez mes cobayes, comme ces p’tites bestioles prisonnières des cages, vivariums, aquariums, terrariums et autres trucs en -riums des savants fous.
Inquiets ? Normal. S’il y a un rôle qui me sied à merveille, c’est celui du savant fou. Mouahahaha.
Pour parler du couple actuel, il faut d’abord se souvenir du couple d’avant. D’avant quoi ? Ben d’avant, quoi.
Avant, le couple, on en signait pour en chier. Pour le meilleur et pour le pire. On était condamné à vie, et un peu comme chez les gladiateurs, le gagnant, c’était celui qui survivait.
Ou pas. Sauf qu’il n’y avait pas d’empereur pour accorder la grâce.
Donc, on signait jusqu’à ce que mort s’ensuive. Fallait faire des enfants, les élever, les nourrir si on en avait les moyens, ce qui nous donnait l’opportunité, éventuellement, de devenir des grand-parents. La femme n’était majeure ni avant son mariage, où elle était sous l’autorité du père, ni pendant, où elle était sous celle du mari. Elle ne devenait majeure et réputée apte à prendre ses propres décisions, à se gérer, que si elle devenait veuve. Et ce dont je parle n’est pas si vieux, hein…
On se mariait – oui, un couple, c’était avant tout le mariage – assez tôt, et parfois assez vite, quand on avait pris un peu d’avance sur la nuit de noce, avec comme résultat des petits pieds qui poussaient les grands. On se mariait pas par choix, on se mariait parce que. Pas par obligation non plus, juste parce que. Avant, on se fréquentait sans forcément coucher (pas une généralité non plus, nos parents et aïeux n’étaient pas des saints).
Maintenant…
La femme dispose d’elle-même, dans nos démocraties. Le mariage n’est plus une obligation imposée par la coutume, il est devenu un libre choix, parfois en tant que preuve d’amour, parfois pour des raisons fiscales. Et souvent les deux. Ce n’est plus l’institution sacrée et intouchable à vie. De CDI, il est devenu CDD. La version intérimaire, c’est l’union libre, avec son cousin formalisé, le PACS. Et de plus en plus, on ne se marie plus pour avoir des enfants, mais on se marie parce qu’on en a.
Aujourd’hui, plus rien n’est pour la vie (sauf la mort). L’évolution de la condition féminine a amené à une fragilisation des rôles de chacun dans le couple. Les repères et les limites du territoire de l’homme et de la femme sont plus flous, et moins gravés dans le marbre. La seule certitude, au fond, concernant les rôles, c’est que c’est toujours madame qui accouche, et éventuellement allaite. Le reste… Au choix.
On construit son couple comme on construit sa maison, en choisissant traditionnel, moderne, design ou carrément conceptuel. Les couples homosexuels aussi font leur petit bonhomme de chemin, et n’ont plus l’obligation – par prudence - de se cacher. Ils restent tout de même des « sous-couples », puisque n’ayant pas les mêmes droits que les couples hétéro.
La vie à deux, ça devient aussi, parfois, comme un boulot qui vous met les nerfs en pelote, mais qu’on ne peut pas laisser tomber faute d’en avoir les moyens.
Nos aïeux se mariaient le plus souvent dans le voisinage, ou les proches parages. Pourquoi ? Pardi, parce qu’ils n’allaient pas pas voir plus loin s’ils y étaient. Aujourd’hui, par le biais du virtuel, on peut faire des rencontres très éloignées, à l’autre bout du pays, à l’autre bout du monde, on peut même coucher ensemble sans s’être jamais vus, sans jamais avoir entendu le son de la voix de l’autre – et sans avoir l’absolue certitude que c’est un membre du sexe opposé, pour les hétéros, ou du même, pour les homos. Ceci dit, rien qu’un petit coup de web cam ne peut arranger…
La fameuse question de Rocard (dixit Ardisson), « sucer, c’est tromper ? » devient la question de l’internaute « coucher virtuellement, c’est tromper ? ».
Des couples qui ne sont plus des contrats à vie, des responsabilités qui ont évolué, un partage des tâches qui a radicalement changé… Le couple d’aujourd’hui est donc un autre univers que celui d’hier.
Reste que la phrase demeure valable : s’aimer, ce n’est pas se regarder dans les yeux, c’est regarder ensemble dans la même direction.